#13 : 10 juin
L’on remit ce matin-là un bien étrange document au Professeur V. Un dossier — au texte d’introduction court et inquiétant annonçant que les enveloppes insérées devaient être ouvertes et leurs contenus lus dans le plus strict secret — contenait une succession d’enveloppes scellées dont les titres manuscrits avaient été rédigés par trois mains d’écriture. Il trembla en reconnaissant d’entrée de jeu la plume inoubliable de son collègue, le Dr G, disparu soudainement il y avait maintenant plusieurs mois.
Sa disparition avait chamboulé la communauté miskatonique. L’on ne manqua pas de faire le lien avec l’accident troublant que le Dr G avait vécu dans les semaines qui précédèrent sa disparition, mais, malgré les enquêtes des forces policières, et les démarches personnelles du Professeur V, le mystère de la disparition ne put être percé. À la même période, les universités de T*** et de I*** avaient annoncé le départ des docteures ML et CG vers d’autres centres de recherche. Ces départs, bien que soudains, n’avaient d’abord pas parus surprenants au Professeur V, mais il devinait maintenant que ces mots de « départ » et de « transfert » n’étaient que des euphémismes pour ce que les directions universitaires auraient bien voulu cacher…
Le dossier dévoilait les traces des recherches individuelles et collectives des docteurs G, CG et ML, qui toutes se rejoignaient autour de preuves de l’existence des *****iens — existence que les chercheurs affirmaient être non seulement indubitable, mais aussi contemporaine. Ainsi le départ précipité de son collègue s’expliquait comme la poursuite de certaines pistes maintenant claires aux yeux du professeur. Or, si le dossier pouvait expliquer ce qui c’était passé en amont de la disparition, la suite des événements restait encore opaque.
Il semblait maintenant que les connaissances non seulement sur la destinée de ses collègues, mais sur l’existence de cette civilisation qui avait été au cœur des préoccupations de ceux-ci, étaient maintenant entre ses mains. Qu’il était en son pouvoir unique d’en faire part à sa communauté, ou au contraire d’en taire à jamais l’existence…
Sa disparition avait chamboulé la communauté miskatonique. L’on ne manqua pas de faire le lien avec l’accident troublant que le Dr G avait vécu dans les semaines qui précédèrent sa disparition, mais, malgré les enquêtes des forces policières, et les démarches personnelles du Professeur V, le mystère de la disparition ne put être percé. À la même période, les universités de T*** et de I*** avaient annoncé le départ des docteures ML et CG vers d’autres centres de recherche. Ces départs, bien que soudains, n’avaient d’abord pas parus surprenants au Professeur V, mais il devinait maintenant que ces mots de « départ » et de « transfert » n’étaient que des euphémismes pour ce que les directions universitaires auraient bien voulu cacher…
Le dossier dévoilait les traces des recherches individuelles et collectives des docteurs G, CG et ML, qui toutes se rejoignaient autour de preuves de l’existence des *****iens — existence que les chercheurs affirmaient être non seulement indubitable, mais aussi contemporaine. Ainsi le départ précipité de son collègue s’expliquait comme la poursuite de certaines pistes maintenant claires aux yeux du professeur. Or, si le dossier pouvait expliquer ce qui c’était passé en amont de la disparition, la suite des événements restait encore opaque.
Il semblait maintenant que les connaissances non seulement sur la destinée de ses collègues, mais sur l’existence de cette civilisation qui avait été au cœur des préoccupations de ceux-ci, étaient maintenant entre ses mains. Qu’il était en son pouvoir unique d’en faire part à sa communauté, ou au contraire d’en taire à jamais l’existence…
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Près du Massachusetts Highway, entre Newburyport et Innsmouth, un badaud qui rentrait à la maison, ce soir du 10 juin ****, après une soirée au pub avec ses amis, si arrosée qu’elle l’obligea à s’arrêter au bord de la route à plusieurs reprises pour uriner, crut devenir fou en voyant une horreur sans nom s’illuminer devant ses yeux. Un temple conique aux dimensions inimaginables était entouré de créatures aux formes distordues, criant atrocement en une langue qui ne pouvait être humaine.
Masqué par une épinette noire, il vit, enfin, ce que personne ne devait plus voir : trois adultes, au centre d’un cercle de feu, se tenant par la main et guidés par un très jeune enfant vers une ouverture opérée dans la paroi du dôme, illuminé par une force qui dépassait celle de tous feux jamais allumés sur cette terre.
Une lumière d’une telle force, qu’elle semblait éclairer à des milles à la ronde, et qu’elle s’imprégna à jamais dans la pupille et l’esprit de ce badaud, de ce soûlon que personne ne croirait, lorsqu’il raconterait son récit le lendemain matin, au village, le récit d’un départ…
Masqué par une épinette noire, il vit, enfin, ce que personne ne devait plus voir : trois adultes, au centre d’un cercle de feu, se tenant par la main et guidés par un très jeune enfant vers une ouverture opérée dans la paroi du dôme, illuminé par une force qui dépassait celle de tous feux jamais allumés sur cette terre.
Une lumière d’une telle force, qu’elle semblait éclairer à des milles à la ronde, et qu’elle s’imprégna à jamais dans la pupille et l’esprit de ce badaud, de ce soûlon que personne ne croirait, lorsqu’il raconterait son récit le lendemain matin, au village, le récit d’un départ…