#7 : 10 mai
S'il avait pu distinguer la forme de ce corps qui approchait à travers l’épaisse brume, il l’aurait vu surgir de l’eau dans sa tunique émeraude qui ne semblait pas mouillée. La femme avançait à travers les vagues qui se cassaient sur les rochers effilés. Sa tête vers l’avant, essayant de distinguer son ami qui, elle en était sure, apparaitrait sur la grève, elle semblait voler. Soudain, elle s’écria « Blàth ! ». L’animal qui avait cessé de japper depuis un moment lança un cri de joie et accourut vers elle. Leur étreinte fut longue et tendre, mus par une envie de rattraper toutes ces années où ils avaient été séparés. Ni un ni l’autre n’avaient entendu les pas qui approchaient.
La femme sentit d’abord une présence, puis relevant le visage, elle vit les yeux de l’homme scintiller dans l’air gris. La stupeur déformait le visage de l’intellectuel qui n’arrivait plus à parler tellement une succession de questions se bousculait en lui. Le silence fut rompu par une voix forte qui résonna dans le brouillard. L’homme prit un temps pour comprendre qu’elle émanait d’elle. Cette femme, d’un ton solennel, annonça qu’elle venait en ces terres en amie pour l’accompagner dans sa quête. Elle précisa que cette décision avait été prise par consensus dans sa communauté de l’Île du Nord. L’homme continuait de la fixer ce qui ne déstabilisait aucunement la femme qui prononçait son discours. Ce qui attira son attention fut les grattements du chien à ses pieds. Ils échangèrent un regard et comprirent que ses mots résonnaient comme une mélodie étrangère pour son nouvel interlocuteur humain. Elle s’arrêta, souffla à l’oreille de la bête et tous les deux partirent dans des directions opposées laissant l’homme à lui-même.
Quand la femme retrouva ses compagnons, l’homme s’affairait à allumer un feu avec les brindilles que son ami adopté lui apportait. Occupé, il semblait plus détendu bien qu’elle sentit ses regards obliques. Lorsque la flamme fut assez vigoureuse, elle s’assit et commença à ouvrir les coquillages qu’elle était allée chercher dans la mer et les partagea. Ce repas frais était bienvenu après les longues traversées respectives des convives. Aucun mot ne fut ajouté, mais l’atmosphère était redevenue joyeuse.
Alors que la brume se dispersait légèrement, mais que le ciel se faisait sombre, l’homme cru distinguer une barque en bois au large des récifs. Était-ce ainsi qu’elle était venue ? Comment avait-elle fait pour arriver sur la plage ? Encore plus important, que faisait-elle ici ? La fatigue l’emportait sur ses envies de réponses. La femme le vit s'étendre près du feu et s’endormir aussitôt.
Sa respiration lente et profonde l'apaisait profondément. Elle observait les étoiles devenir de plus en plus nombreuses dans le ciel et ses pensées la ramenaient aux intenses discussions qu’elle avait eues avec ses consœurs dans les derniers jours. Lorsqu’elles avaient compris que cet homme était venu pour retrouver le tombeau, cela avait réveillé leur désir de retrouver leur Matrone. À l’époque, la rupture de leur cercle avait été pensée pour protéger les autres ordres d’humains qui cherchaient les secrets de la vie éternelle. Aujourd’hui certaines pensaient que ce n’étaient pas la bonne décision et on avait convaincu le conseil qu’il fallait retrouver leur ancêtre et la coupe.
La femme s’était proposée pour aller sur le continent, cachant ses véritables intentions. Après plus de deux siècles, elle était toujours empreinte de douloureux souvenirs qui ne cessaient de l’habiter la nuit comme le jour. Aucune autre personne n’avait été digne de son amour depuis la mort de cette femme qu'elle avait rencontrée à quelques milles d’ici. Sa vie éternelle était devenue une véritable malédiction quand sa vieillesse avait pris le dessus et que la vie lui échappait. Secrètement, elle espérait retrouver la Matrone pour trouver l’antidote à cette calamité. Au moins, elle avait pu retrouver Blàth qui lui était si cher et qui comprenait sa souffrance l’ayant vécue à ses côtés. Ils avaient tant partagé ensemble et étaient unis à jamais par leur condition. L'immortalité. Penser à ce mot, chargé d'une souffrance indicible, lui tira une larme.
Elle se retourna et flatta l’abdomen de la bête qui voyageait depuis un moment dans le monde des rêves. Elle ajouta du bois et veilla sur le feu jusqu’à ce que le soleil pointe à l’horizon.
La femme sentit d’abord une présence, puis relevant le visage, elle vit les yeux de l’homme scintiller dans l’air gris. La stupeur déformait le visage de l’intellectuel qui n’arrivait plus à parler tellement une succession de questions se bousculait en lui. Le silence fut rompu par une voix forte qui résonna dans le brouillard. L’homme prit un temps pour comprendre qu’elle émanait d’elle. Cette femme, d’un ton solennel, annonça qu’elle venait en ces terres en amie pour l’accompagner dans sa quête. Elle précisa que cette décision avait été prise par consensus dans sa communauté de l’Île du Nord. L’homme continuait de la fixer ce qui ne déstabilisait aucunement la femme qui prononçait son discours. Ce qui attira son attention fut les grattements du chien à ses pieds. Ils échangèrent un regard et comprirent que ses mots résonnaient comme une mélodie étrangère pour son nouvel interlocuteur humain. Elle s’arrêta, souffla à l’oreille de la bête et tous les deux partirent dans des directions opposées laissant l’homme à lui-même.
Quand la femme retrouva ses compagnons, l’homme s’affairait à allumer un feu avec les brindilles que son ami adopté lui apportait. Occupé, il semblait plus détendu bien qu’elle sentit ses regards obliques. Lorsque la flamme fut assez vigoureuse, elle s’assit et commença à ouvrir les coquillages qu’elle était allée chercher dans la mer et les partagea. Ce repas frais était bienvenu après les longues traversées respectives des convives. Aucun mot ne fut ajouté, mais l’atmosphère était redevenue joyeuse.
Alors que la brume se dispersait légèrement, mais que le ciel se faisait sombre, l’homme cru distinguer une barque en bois au large des récifs. Était-ce ainsi qu’elle était venue ? Comment avait-elle fait pour arriver sur la plage ? Encore plus important, que faisait-elle ici ? La fatigue l’emportait sur ses envies de réponses. La femme le vit s'étendre près du feu et s’endormir aussitôt.
Sa respiration lente et profonde l'apaisait profondément. Elle observait les étoiles devenir de plus en plus nombreuses dans le ciel et ses pensées la ramenaient aux intenses discussions qu’elle avait eues avec ses consœurs dans les derniers jours. Lorsqu’elles avaient compris que cet homme était venu pour retrouver le tombeau, cela avait réveillé leur désir de retrouver leur Matrone. À l’époque, la rupture de leur cercle avait été pensée pour protéger les autres ordres d’humains qui cherchaient les secrets de la vie éternelle. Aujourd’hui certaines pensaient que ce n’étaient pas la bonne décision et on avait convaincu le conseil qu’il fallait retrouver leur ancêtre et la coupe.
La femme s’était proposée pour aller sur le continent, cachant ses véritables intentions. Après plus de deux siècles, elle était toujours empreinte de douloureux souvenirs qui ne cessaient de l’habiter la nuit comme le jour. Aucune autre personne n’avait été digne de son amour depuis la mort de cette femme qu'elle avait rencontrée à quelques milles d’ici. Sa vie éternelle était devenue une véritable malédiction quand sa vieillesse avait pris le dessus et que la vie lui échappait. Secrètement, elle espérait retrouver la Matrone pour trouver l’antidote à cette calamité. Au moins, elle avait pu retrouver Blàth qui lui était si cher et qui comprenait sa souffrance l’ayant vécue à ses côtés. Ils avaient tant partagé ensemble et étaient unis à jamais par leur condition. L'immortalité. Penser à ce mot, chargé d'une souffrance indicible, lui tira une larme.
Elle se retourna et flatta l’abdomen de la bête qui voyageait depuis un moment dans le monde des rêves. Elle ajouta du bois et veilla sur le feu jusqu’à ce que le soleil pointe à l’horizon.