#9 : Nuit du 6 au 7 juin
La brûlure ! Toujours elle... dans ses allers-retours sifflants depuis déjà quelques semaines, depuis que le Dr G eut repris connaissance au centre d’un hall ouvert aux quatre vents, jonché de feuilles et de pages arrachées.
Toute la maison avait été saccagée, pas un fond de tiroir ou un coin d’étagère n’avait été épargné. Pourtant rien de valeur n’avait disparu.
Et maintenant, il regardait, l’air las, au travers de la fenêtre de la cellule de lecture de la bibliothèque fraîchement rangée, dont la table et les rayonnages alentour avaient subi le même sort que sa maison, au même moment sans doute, sans pour autant, ici, aucune effraction. Les rayons chauds de cette fin d’après-midi ne le réconfortaient plus. Il toussa sévèrement et se redressa dans un bruit de soufflet viscéral, retint sa respiration un temps, comme pour suspendre la douleur, puis fit repartir les braises, doucement. Il tourna la main gauche vers son visage et toisa la pierre gravée des lignes étranges, ramenée de l’Ouest. « Tout ça pour ça ? » pensa-t-il.
Heureusement que sa méfiance naturelle l’avait, à chaque fin de journée de travail, fait cacher la pierre derrière une encyclopédie de l’étage lointain de botanique, auquel il descendait toujours avant de partir, car proche des sanitaires.
De la main droite, il leva la lettre de la Dre CG, expédiée le lendemain de l’effraction. Elle lui demandait des explications sur son attitude au téléphone : pourquoi avoir raccroché sans un mot juste après qu'elle se soit confiée à lui ? pourquoi n’avoir plus répondu à ses appels suivants ? Elle lui faisait part de la tourmente dans laquelle elle se trouvait d’avoir ainsi tout raconté et de ne pas avoir eu le soutien escompté.
Mais raconter quoi ? Il ne le savait pas. D’ailleurs, était-ce bien lui qui avait répondu à son appel ? Il ne s’en souvenait que d’un ! Et la voix qu’il avait entendue n’était pas celle d’une femme, et encore moins d’un homme... Qui fut là pour répondre ? Était-ce vraiment moi ? Elle a bien dû reconnaître ma voix avant de se confier ? Ces questions valsaient sans fin dans son esprit. Une mince lueur de raison l’avait tout de même fait craindre pour la sécurité de la Dre CG. En effet, si un « autre » avait pu répondre et entendre sa confession et que cet « autre » était bien l’auteur de l’effraction, ne pourrait-il pas être en chemin pour la retrouver ? Cette idée lui avait glacé le sang et, dès la lecture de la lettre de la Dre CG terminée, il la fit appeler ainsi que transmettre un télégramme, afin de l’intimer de se méfier, de se mettre en sécurité ou de rejoindre la Dre ML ou lui-même. On lui indiqua que les appels n’étaient jamais pris, mais on lui retourna, dans l’heure, un télégramme indiquant : « en chemin »... En chemin ? Était-ce bien la Dre CG qui lui avait retourné cela ? Il fit alors envoyer un télégramme très court à la Dre ML, lui demandant, sans explication, de se mettre en route vers Arkham au plus vite, ne sachant pas encore qu’il recevrait bientôt de celle-ci une lettre capitale.
Mais il n’avait, pour l’instant, d’autre choix que d’attendre tant ses poumons lui empêchaient tout effort. Se rendre à la bibliothèque était déjà une expédition périlleuse en soi et le traitement du médecin, qui ne savait expliquer l’origine du trouble ni soigner les symptômes, l’obligeait à inhaler des poudres nauséeuses à heure régulière.
L’horloge massive de l’entrée de la bibliothèque sonna les six heures. Sortant de sa mallette de cuir la fameuse poudre il en plaça une partie dans un petit cône métallique prévu pour et inspira aussi fortement qu’il put quand un éclair vint, non pas lui éventrer les poumons de douleur, mais lui pourfendre l'esprit ! La voix du téléphone... un enfant...
Toute la maison avait été saccagée, pas un fond de tiroir ou un coin d’étagère n’avait été épargné. Pourtant rien de valeur n’avait disparu.
Et maintenant, il regardait, l’air las, au travers de la fenêtre de la cellule de lecture de la bibliothèque fraîchement rangée, dont la table et les rayonnages alentour avaient subi le même sort que sa maison, au même moment sans doute, sans pour autant, ici, aucune effraction. Les rayons chauds de cette fin d’après-midi ne le réconfortaient plus. Il toussa sévèrement et se redressa dans un bruit de soufflet viscéral, retint sa respiration un temps, comme pour suspendre la douleur, puis fit repartir les braises, doucement. Il tourna la main gauche vers son visage et toisa la pierre gravée des lignes étranges, ramenée de l’Ouest. « Tout ça pour ça ? » pensa-t-il.
Heureusement que sa méfiance naturelle l’avait, à chaque fin de journée de travail, fait cacher la pierre derrière une encyclopédie de l’étage lointain de botanique, auquel il descendait toujours avant de partir, car proche des sanitaires.
De la main droite, il leva la lettre de la Dre CG, expédiée le lendemain de l’effraction. Elle lui demandait des explications sur son attitude au téléphone : pourquoi avoir raccroché sans un mot juste après qu'elle se soit confiée à lui ? pourquoi n’avoir plus répondu à ses appels suivants ? Elle lui faisait part de la tourmente dans laquelle elle se trouvait d’avoir ainsi tout raconté et de ne pas avoir eu le soutien escompté.
Mais raconter quoi ? Il ne le savait pas. D’ailleurs, était-ce bien lui qui avait répondu à son appel ? Il ne s’en souvenait que d’un ! Et la voix qu’il avait entendue n’était pas celle d’une femme, et encore moins d’un homme... Qui fut là pour répondre ? Était-ce vraiment moi ? Elle a bien dû reconnaître ma voix avant de se confier ? Ces questions valsaient sans fin dans son esprit. Une mince lueur de raison l’avait tout de même fait craindre pour la sécurité de la Dre CG. En effet, si un « autre » avait pu répondre et entendre sa confession et que cet « autre » était bien l’auteur de l’effraction, ne pourrait-il pas être en chemin pour la retrouver ? Cette idée lui avait glacé le sang et, dès la lecture de la lettre de la Dre CG terminée, il la fit appeler ainsi que transmettre un télégramme, afin de l’intimer de se méfier, de se mettre en sécurité ou de rejoindre la Dre ML ou lui-même. On lui indiqua que les appels n’étaient jamais pris, mais on lui retourna, dans l’heure, un télégramme indiquant : « en chemin »... En chemin ? Était-ce bien la Dre CG qui lui avait retourné cela ? Il fit alors envoyer un télégramme très court à la Dre ML, lui demandant, sans explication, de se mettre en route vers Arkham au plus vite, ne sachant pas encore qu’il recevrait bientôt de celle-ci une lettre capitale.
Mais il n’avait, pour l’instant, d’autre choix que d’attendre tant ses poumons lui empêchaient tout effort. Se rendre à la bibliothèque était déjà une expédition périlleuse en soi et le traitement du médecin, qui ne savait expliquer l’origine du trouble ni soigner les symptômes, l’obligeait à inhaler des poudres nauséeuses à heure régulière.
L’horloge massive de l’entrée de la bibliothèque sonna les six heures. Sortant de sa mallette de cuir la fameuse poudre il en plaça une partie dans un petit cône métallique prévu pour et inspira aussi fortement qu’il put quand un éclair vint, non pas lui éventrer les poumons de douleur, mais lui pourfendre l'esprit ! La voix du téléphone... un enfant...