#5 : 5 juillet
Mardi, le ** juillet ****
Mon cher J.,
Ton message me parvient alors que j'arrive à la capitale. Les communications sont mauvaises un peu partout au pays et mon travail ne m'a laissé aucun repos depuis mon arrivée ici.
Quelle situation inquiétante pour Montréal ! Dis-moi que tu te trouves en sécurité ! Mon voyage en Islande est tombé à pic. Et puis, j'ai de bonnes nouvelles concernant le dossier des chevaux islandais. Nous avons réussi à accumuler suffisamment de preuves sur les effets néfastes qu'aurait une importation de Kabardin de Russie pour que le groupe de fermiers du Nord-Est recule devant les plaintes du gouvernement. Nous avons pu régler hors cour. Tu sais combien cela me satisfait !
Ton message me parvient alors que j'arrive à la capitale. Les communications sont mauvaises un peu partout au pays et mon travail ne m'a laissé aucun repos depuis mon arrivée ici.
Quelle situation inquiétante pour Montréal ! Dis-moi que tu te trouves en sécurité ! Mon voyage en Islande est tombé à pic. Et puis, j'ai de bonnes nouvelles concernant le dossier des chevaux islandais. Nous avons réussi à accumuler suffisamment de preuves sur les effets néfastes qu'aurait une importation de Kabardin de Russie pour que le groupe de fermiers du Nord-Est recule devant les plaintes du gouvernement. Nous avons pu régler hors cour. Tu sais combien cela me satisfait !
Néanmoins, j'ai l'impression que ce cas est plus important qu'il n'y paraît et ma victoire me laisse un arrière-goût étrange. Je suis à peu près certaine que le gouvernement nous cache quelque chose. Je garderai l'oeil ouvert.
Le cabinet m'a envoyé des dizaines de courriers que je n'ose pas ouvrir. Mes inquiétudes sont beaucoup plus légères que les tiennes. Je ne redoute pas une conspiration, mais simplement qu'on me somme de rentrer à la maison. Ce ne sont pas les dossiers qui manquent au bureau de Reykjavik et il me fait beaucoup de bien de prendre une distance avec l'administration de Montréal. En lisant ton message, donc, je me suis dit que j'accepterais l'offre d'une collègue de l'accompagner au centre de l'Île pour un autre contrat.
Porte-toi bien mon cher ami.
É.
Le cabinet m'a envoyé des dizaines de courriers que je n'ose pas ouvrir. Mes inquiétudes sont beaucoup plus légères que les tiennes. Je ne redoute pas une conspiration, mais simplement qu'on me somme de rentrer à la maison. Ce ne sont pas les dossiers qui manquent au bureau de Reykjavik et il me fait beaucoup de bien de prendre une distance avec l'administration de Montréal. En lisant ton message, donc, je me suis dit que j'accepterais l'offre d'une collègue de l'accompagner au centre de l'Île pour un autre contrat.
Porte-toi bien mon cher ami.
É.
Mardi, le ** juillet ****
Cher E.,
Je t'écris pour te dire que je n'ai pas l'intention de retourner à la maison, du moins pas pour l'instant. Je n'ai toujours pas communiqué avec le cabinet. Tu peux peut-être les convaincre que je serai plus utile ici. Je t'avoue que j'apprécie l'atmosphère de travail islandais et que les nouvelles de Montréal ne m'incitent pas à rentrer. La situation semble catastrophique ! Tiens-tu le coup ? Je m'inquiète particulièrement pour les personnes infectées que l'Alliance voudrait simplement éliminer. J'ai toujours espoir que les scientifiques de la Confédération trouveront un vaccin sous peu. Suis-je trop idéaliste ?
L'Islande se referme peu à peu pour préserver sa population de la propagation du mimosa. Les vols provenant de l'Europe ont été formellement interdits. Trop de réfugiés avaient afflué depuis que la situation là-bas s'était détériorée. Le pays n'est pas habitué aux nouveaux arrivants et cela pose une série de problèmes logistiques. Certains prônent même la fermeture complète des frontières.
Mon séjour à l'intérieur du pays sera bienvenu. J'accompagne une collègue qui travaille sur un contrat pour le gouvernement. Un groupe de marginaux réclame l'accès à un territoire au nord du glacier de Vatnajökull. Ils portent appel à la décision de la cour d'en faire un lieu protégé--les Islandais sont très stricts quant à la protection de leur territoire ! Si ce petit bout de terre perdu et inhabité crée autant de problèmes, quels conflits surgiront de l'occupation des terrains vagues près de la capitale par les nouveaux arrivants !
Enfin, j'ai su que J. s'était rendu à Bucarest et je m'inquiète. Le cas d'héritage qu'il allait régler me semble bien banal dans la conjecture mondiale. Connaissant son côté aventurier, pour ne pas dire arrogant, j'ai mes doutes sur ses réelles intentions, lui qui se lance toujours dans le feu de l'action. Que sais-tu de ce voyage ? Crois-tu qu'il serait en danger ?
Malgré la distance, je me sens proche de vous à Montréal et vous souhaite le meilleur. J'attends de tes nouvelles.
Bien à toi,
É.
Je t'écris pour te dire que je n'ai pas l'intention de retourner à la maison, du moins pas pour l'instant. Je n'ai toujours pas communiqué avec le cabinet. Tu peux peut-être les convaincre que je serai plus utile ici. Je t'avoue que j'apprécie l'atmosphère de travail islandais et que les nouvelles de Montréal ne m'incitent pas à rentrer. La situation semble catastrophique ! Tiens-tu le coup ? Je m'inquiète particulièrement pour les personnes infectées que l'Alliance voudrait simplement éliminer. J'ai toujours espoir que les scientifiques de la Confédération trouveront un vaccin sous peu. Suis-je trop idéaliste ?
L'Islande se referme peu à peu pour préserver sa population de la propagation du mimosa. Les vols provenant de l'Europe ont été formellement interdits. Trop de réfugiés avaient afflué depuis que la situation là-bas s'était détériorée. Le pays n'est pas habitué aux nouveaux arrivants et cela pose une série de problèmes logistiques. Certains prônent même la fermeture complète des frontières.
Mon séjour à l'intérieur du pays sera bienvenu. J'accompagne une collègue qui travaille sur un contrat pour le gouvernement. Un groupe de marginaux réclame l'accès à un territoire au nord du glacier de Vatnajökull. Ils portent appel à la décision de la cour d'en faire un lieu protégé--les Islandais sont très stricts quant à la protection de leur territoire ! Si ce petit bout de terre perdu et inhabité crée autant de problèmes, quels conflits surgiront de l'occupation des terrains vagues près de la capitale par les nouveaux arrivants !
Enfin, j'ai su que J. s'était rendu à Bucarest et je m'inquiète. Le cas d'héritage qu'il allait régler me semble bien banal dans la conjecture mondiale. Connaissant son côté aventurier, pour ne pas dire arrogant, j'ai mes doutes sur ses réelles intentions, lui qui se lance toujours dans le feu de l'action. Que sais-tu de ce voyage ? Crois-tu qu'il serait en danger ?
Malgré la distance, je me sens proche de vous à Montréal et vous souhaite le meilleur. J'attends de tes nouvelles.
Bien à toi,
É.