#1 : 29 juillet
Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas remis les pieds en ses terres natales. Des décennies avaient passé depuis qu’il avait quitté l’Armorique pour la nouvelle France. Ce n’était pas tant l’évangélisation des terres lointaines qui l’avait poussé à partir, que la recherche d’un idéal, d’un paradis terrestre, incarnation d’une morale divine, ou naturelle comme il préférait le dire, sur Terre. Il avait gardé un espoir enfantin de pouvoir trouver, là-bas, ce fameux Graal, physique ou métaphorique, celui dont les légendes avaient bercé sa jeunesse de second fils d’une famille noble de l’évêché du Leon. Seconde naissance qui le prédétermina aux études des lettres et qui le mena, à la surprise de tous, à se porter volontaire pour la grande traversée.
Bien que sa vie fût des plus agréables et enchanteresses auprès des peuples autochtones avec lesquels il avait appris à vivre, à chasser, à soigner, à survivre, à passer les hivers comme il n’en avait jamais connus, il avait pourtant demandé et obtenu l’autorisation de l’église de revenir sur le Vieux Continent. Ses contacts avec les colonies se faisaient pourtant toujours plus rares, il affectionnait le mode de vie nomade et son équilibre avec la nature. Il ne ratait jamais une occasion de compiler tous ses savoirs acquis au cœur d’ouvrages qu’il se gardait bien, encore, de révéler à ses supérieurs.
Mais sa récente démarche fut motivée à la suite d’un présent reçu d’un étrange personnage. Un soi-disant descendant d’une communauté de marins ancestraux aux cheveux de blé. Il s’était lié d’amitié avec lui et, après quelques années, celui-ci lui avait remis un petit codex mystérieux. Il était écrit, pour la première partie, en latin et, pour la seconde partie, en ce qui semblait être une langue brittonique, certainement un vieux gallois. L’homme lui raconta que l’objet viendrait de l’autre côté de l’océan, comme son aïeul. Il aurait d’abord été transmis de mains en mains par les gardiennes du tombeau de pierre d’un grand chef tombé au combat, venu de l’autre côté de l’océan. La tradition se serait perdue au sein de la communauté qu’elles avaient fait naître. Puis, à l’arrivée des marins aux cheveux de blé, une des descendantes de la première communauté leur aurait remis le livre, pensant qu’ils en auraient su l’utilité. Les descendants des marins l’auraient à leur tour conservé jusque-là. Maintenant, nul ne savait plus où se trouvait la tombe. Mais, comme cela avait été fait auparavant, il semblait évident que l’objet devait revenir à un homme de l’autre bout du monde.
Toutes ces évocations avaient su allumer la flamme des légendes au cœur de l’homme de lettres exilé !
Il voulut instinctivement retrouver la tombe, pour, peut-être, retrouver le corps, l’épée… Puis, parcourant les maigres pages encore lisibles et déchiffrables, il découvrit la mention et la description étonnement précise d’un lieu en « Brecheliant » où serait conservé le fameux « objet de la quête ».
Tous les indices étaient trop parfaitement accordés pour ne pas être ce qu’il en pensait. Il décida alors de mettre sa propre quête en route et, selon la littérature qu’il connaissait, misa sur les forêts de Paimpont et de Lorge pour commencer ses recherches !
Il se trouvait maintenant à quelques lieux du premier site choisi pour ses explorations ! Un croissant de lune, bien que mince au cœur du bleu profond d’une nuit nacré par la Voie lactée, inondait d’une lumière blafarde la végétation estivale du sous-bois. Il était déjà loin de l’Abbaye de Notre Dame de Paimpont, assis pour se reposer jusqu’au petit matin. Il parcourait encore du regard les pages odorantes du vieux carnet décrépi. Le vent emplit les frondaisons d’un murmure presque légendaire, le feu crépita doucement, comme en réponse aux oiseaux et insectes nocturnes. Il leva le regard et ouvrit tous ses sens au présent.
Ce tableau fut un écho troublant de sa vie au Nouveau Monde, qui, en un éclair, lui manqua terriblement. Il se mit alors à murmurer, puis entonner plus fermement un chant dans une langue que personne n’aurait ici pu comprendre...
Bien que sa vie fût des plus agréables et enchanteresses auprès des peuples autochtones avec lesquels il avait appris à vivre, à chasser, à soigner, à survivre, à passer les hivers comme il n’en avait jamais connus, il avait pourtant demandé et obtenu l’autorisation de l’église de revenir sur le Vieux Continent. Ses contacts avec les colonies se faisaient pourtant toujours plus rares, il affectionnait le mode de vie nomade et son équilibre avec la nature. Il ne ratait jamais une occasion de compiler tous ses savoirs acquis au cœur d’ouvrages qu’il se gardait bien, encore, de révéler à ses supérieurs.
Mais sa récente démarche fut motivée à la suite d’un présent reçu d’un étrange personnage. Un soi-disant descendant d’une communauté de marins ancestraux aux cheveux de blé. Il s’était lié d’amitié avec lui et, après quelques années, celui-ci lui avait remis un petit codex mystérieux. Il était écrit, pour la première partie, en latin et, pour la seconde partie, en ce qui semblait être une langue brittonique, certainement un vieux gallois. L’homme lui raconta que l’objet viendrait de l’autre côté de l’océan, comme son aïeul. Il aurait d’abord été transmis de mains en mains par les gardiennes du tombeau de pierre d’un grand chef tombé au combat, venu de l’autre côté de l’océan. La tradition se serait perdue au sein de la communauté qu’elles avaient fait naître. Puis, à l’arrivée des marins aux cheveux de blé, une des descendantes de la première communauté leur aurait remis le livre, pensant qu’ils en auraient su l’utilité. Les descendants des marins l’auraient à leur tour conservé jusque-là. Maintenant, nul ne savait plus où se trouvait la tombe. Mais, comme cela avait été fait auparavant, il semblait évident que l’objet devait revenir à un homme de l’autre bout du monde.
Toutes ces évocations avaient su allumer la flamme des légendes au cœur de l’homme de lettres exilé !
Il voulut instinctivement retrouver la tombe, pour, peut-être, retrouver le corps, l’épée… Puis, parcourant les maigres pages encore lisibles et déchiffrables, il découvrit la mention et la description étonnement précise d’un lieu en « Brecheliant » où serait conservé le fameux « objet de la quête ».
Tous les indices étaient trop parfaitement accordés pour ne pas être ce qu’il en pensait. Il décida alors de mettre sa propre quête en route et, selon la littérature qu’il connaissait, misa sur les forêts de Paimpont et de Lorge pour commencer ses recherches !
Il se trouvait maintenant à quelques lieux du premier site choisi pour ses explorations ! Un croissant de lune, bien que mince au cœur du bleu profond d’une nuit nacré par la Voie lactée, inondait d’une lumière blafarde la végétation estivale du sous-bois. Il était déjà loin de l’Abbaye de Notre Dame de Paimpont, assis pour se reposer jusqu’au petit matin. Il parcourait encore du regard les pages odorantes du vieux carnet décrépi. Le vent emplit les frondaisons d’un murmure presque légendaire, le feu crépita doucement, comme en réponse aux oiseaux et insectes nocturnes. Il leva le regard et ouvrit tous ses sens au présent.
Ce tableau fut un écho troublant de sa vie au Nouveau Monde, qui, en un éclair, lui manqua terriblement. Il se mit alors à murmurer, puis entonner plus fermement un chant dans une langue que personne n’aurait ici pu comprendre...